Editions Textuel -  L’ Administration de la peur
ISBN : 978-2-84597-381-7

11,3 x 21
Broché
96 pages
14 €

Collection « Conversations pour demain »
Conversation avec Bertrand Richard

Parution le 04.05.2010

L’ Administration de la peur

Paul Virilio

Nous vivons dans l’administration de la peur. Qu’est-ce que cela veut dire ? D’abord que la peur est devenue un environnement, un paysage quotidien. Autrefois les guerres, les famines, les dangers étaient localisés et circonscrits dans le temps. Aujourd’hui, c’est le monde lui-même, limité, saturé, manipulé qui nous étreint et nous « stresse ».
Crises boursières contaminantes, terrorisme indifférencié, pandémie fulgurante, suicides « professionnels » (France Télécom)…
La peur est monde, panique, au sens premier du terme. L’« administration de la peur », cela signifie aussi que les États sont tentés de faire de la peur, de son orchestration, de sa gestion, une politique. La mondialisation ayant progressivement rogné les prérogatives traditionnelles des États (celles de l’État providence), il leur reste à convaincre les citoyens qu’ils peuvent assurer leur sécurité corporelle. La double idéologie sanitaire et sécuritaire peut se mettre en place, faisant peser de réelles menaces sur la démocratie. Paul Virilio nous montre comment la « propagande du progrès », l’illuminisme des nouvelles technologies, sont les vecteurs inespérés de la peur car ils fabriquent de la frénésie et de l’hébétude. Toutes choses qui rendent possible, après la dissuasion nucléaire de la Guerre froide, une nouvelle forme de dissuasion civile, dont le génie génétique pourrait s’emparer, pour « domestiquer l’être », le rendre plus adapté à nos nouvelles conditions, raréfiées, de vie...
« La peur a certes toujours existé, mais la voici aujourd’hui administrée, orchestrée, politisée. Ce sentiment est dû à une hypermodernité qui abolit les distances, pollue l’espace et plonge les sujets connectés à l’actualité dans un live permanent (…) Mais ce monde du mouvement permanent est aussi celui des communautarismes et du repli sur soi, effets collatéraux d’un monde rendu inhabitable par cette constante compression du temps. Certains seront sceptiques devant une pensée qui semblerait nostalgique d’un monde d’hier rythmé par les saisons et les moissons. Pourtant Paul Virilio refuse le catastrophisme comme le rétropédalage. Et pense simplement, comme la philosophe Hannah Arendt, que “la terreur est l’accomplissement de la loi du mouvement”. » Le Monde