Le Grand Incendie
Samuel Bollendorff
Entre 2011 et 2013 en France, tous les quinze jours, une personne s’est immolée par le feu sur la place publique, sur le parking de son entreprise, dans la cour de l’école, devant le centre des impôts...
Samuel Bollendorff a photographié 11 de ces lieux, en France et à l’étranger, tels un coin de trottoir ou une zone péri-urbaine.« Comment rendre compte ? Nul besoin de donner à voir la violence d’une immolation pour être sensible à un tel événement, pour en recevoir l’onde de choc. Au contraire. Le calme et le vide des lieux nourrissent l’imaginaire de chacun. L’orchestration du déni figure l’horreur », affirme Samuel Bollendorff dans sa postface.
Le livre restitue également la parole de ces hommes et femmes ou de leurs proches, édifiante et terrifiante, recueillie par Samuel Bollendorff. L’immolation n’est pas un cri comme les autres. Il s’agit bien d’un acte extrême de contestation politique. En France, il raconte la quasi-disparition de la lutte collective, la fin des solidarités et le délitement du service public. Nous connaissions les immolations au Vietnam, à Prague, au Tibet, en Inde ou plus récemment en Tunisie pour leur portée révolutionnaire. Lorsque ces actes ont lieu à l’étranger, c’est bien la protestation qui interpelle, là où en France un discours sur la fragilité psychique des individus qui commettent ces actes occulte leur message.
Le documentaire interactif Le Grand Incendie, réalisé par Olivia Colo et Samuel Bollendorff a reçu le Visa d’or du webdocumentaire en 2014.